lundi 14 novembre 2011

Le Dieu né dans le fumier

Luc 2.7


« Elle le coucha dans une mangeoire à bestiaux car il n’y avait pas de place pour eux dans la maison de ceux qui étaient en voyage ».

Arrivé trop tard, sans jouer des coudes, tout le monde était passé avant Jésus.


Il n’y a plus de place pour Jésus à Noël.

Plus besoin de lui, notre civilisation s’est bâtie sur le refus d’un Dieu proche et présent.

Il ne peut tout simplement pas exister : soit il n’est pas tout puissant, puisqu’il ne supprime pas le mal et la souffrance ; soit il ne veut pas supprimer le mal et la souffrance et alors il n’est pas un Dieu d’amour. La science s’en passe très bien. Nous vivons un athéisme pragmatique : l’enfant Jésus n’intéresse plus grand monde en réalité et l’on préfère se souhaiter d’excellentes fêtes de fin d’année, en oubliant que nous comptons nos années et leur fin à partir du premier Noël.


C’est difficile de croire à Noël pour les adultes.

C’est une offense à l'homme moderne de dire que Dieu s’invite dans notre temps humain ; qu'il confie sa vérité à d’obscurs disciples et à quelques textes bibliques. Comment Noël cette histoire du passé, pourrait revendiquer une valeur éternelle ?


Or justement à Noël, Jésus s’est estimé chez lui chez nous ; même s’ « il n’y avait plus de place dans la maison de ceux qui étaient en voyage ».

Louis de Broglie a écrit : « La plus grande émotion que nous puissions éprouver est l’émotion mystique. C’est le germe de toute science véritable ». (Continu et discontinu, P.98.).

Le véritable esprit scientifique répugne à l’absurde et pressent une signification au monde, même s’il ne peut encore la mettre en équations.


Dieu frappe à notre porte mais c’est plein. Notre cerveau est plein de présupposés sous influence idéologique, il y a trop de certitudes et démonstrations dans notre tête pour que Dieu puisse entrer. Pour beaucoup de théologiens contemporains, Jésus n’est qu’un petit rien ; il ne reste presque rien de lui ou si peu dans les récits des Evangiles. On peut connaître même très bien la Bible et passer à côté de Jésus. On peut être très savant et manquer de sagesse. Si on n’a pas d’abord trouvé Jésus, s’il n’a pas la première place dans notre maison de gens en voyage, alors Jésus se retrouve dans l’étable, à la cave ou au grenier de notre vie.

Dieu alors passe par la porte du cœur : mais là encore c’est complet. Tout est pris, les idoles font leur travail.

Qui a la première place dans notre vie ?

Qui est premier servi ? A qui demandons-nous conseil avant de réfléchir, avant de prier, avant de décider ? Laissons-nous à Jésus notre salle de séjour ou bien le garage ou la cave ?


Jésus n’a pas eu de place, mais pour nous il aura toujours une place.

Jésus s’est souvenu de cette humanité en souffrance. Il a manifesté la toute-puissance de Dieu : il est né à contre-époque, dans l’oubli. Il a dit l’amour de Dieu par toute sa vie. Sur la croix, il est mort pour nos péchés. Il est dans l’écurie, mais il est vivant. Il suffit de le faire remonter. C’est la merveilleuse nouvelle de Noël. Ce n’est pas une histoire paisible d'un beau bébé né à la clinique dans du plexiglass; c’est l’histoire d’un bébé traqué né dans du fumier.

La Bible est le seul message qui donne une attention aux moins que rien.

Le Dieu traîné dans la boue, solidaire de la souffrance et de la violence des hommes.

Il ne s’impose pas, même sali, il demeure le Dieu aimant.


Très vite, Jésus a appris à parler il a dit : « Je me tiens à la porte et je frappe, quiconque entend ma voix et m’ouvre la porte je souperai avec lui et lui avec moi ». Jésus est la Parole de vie.

Fêter pour la première fois peut-être un véritable Noël, une réconciliation, la paix avec Dieu que nous avions tellement rêvée ; la paix en plénitude se transmet sûrement. C'est le plus beau des cadeaux à offrir.

Jean-Christophe Robert

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