vendredi 3 mai 2013


"Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne se trouble point, et ne s'alarme point." (Jean.14.27)

Notre monde n'est pas vraiment paisible.
Nous vivons en Suède un vrai paradis par rapport aux souffrances de milliards d'être humains.
Notre privilège est de vivre dans un pays qui a connu la paix depuis les années 1820.
En tant que Français, la guerre m'a beaucoup marqué. Ma famille m'a raconté cette épreuve qui l'a meurtrie. L'oncle qui n'est jamais rentré de la résistance : il avait 20 ans. La tante dont le mari est rentré brisé des camps de concentration. Nous ne mesurons pas toujours la valeur du temps de paix.

Maix cette paix est relative.
D'abord parce que trop souvent la paix n'est pas l'absence de conflits mais la recherche d'un apaisement dans le dialogue. Vers un équilibre souvent fragile. On est souvent plus dans la négociation, dans le rapport de forces, que dans un dialogue véritable.
Il y a tant de traités de paix, et si peu d'accords véritables. Juste un armistice, une convention entre bélligérants pour la suspension des hostilités, sans mettre fin à la guerre.
C'est ce qui se passe entre Corée du Nord et Corée du Sud. Une paix apparente, mais une guerre sans fin. Même les traités de paix fabriquent parfois la guerre, comme le Traité de Versailles qui portait en germe un désir de vengeance par l'humiliation qu'il imposait au vaincus. La paix de Dieu n'a rien à voir avec cela. C'est une paix qui élève celui qu'elle atteint. Lui parle en face, éveille en lui le rêve, réhabilité l'espoir ; et rend la dignité.

Quand Jésus dit : « Je vous donne la paix, je ne vous la donne pas comme le monde la donne », il parle dans un empire Romain marqué par la brutalité. Les Romains disent : « Si tu veux la paix, prépare la guerre » Voilà la paix dont les hommes sont capables. Préparer la guerre, ou négocier pour une trève la plus durable possible.
Victor Hugo a bien montré le fond de l'âme humaine dans son poème : Depuis 6000 ans a guerre.
Depuis six mille ans la guerre 
Plait aux peuples querelleurs, 
Et Dieu perd son temps à faire 
Les étoiles et les fleurs.

Les conseils du ciel immense, 
Du lys pur, du nid doré, 
N'ôtent aucune démence 
Du coeur de l'homme effaré.

Les carnages, les victoires, 
Voilà notre grand amour ;
(…)
On pourrait boire aux fontaines, 
Prier dans l'ombre à genoux, 
Aimer, songer sous les chênes ;
Tuer son frère est plus doux.

IL faut beaucoup de foi pour ne pas croire au péché, après cette prédication de Victor Hugo !
Nous voici donc en Suède paisible. Dans notre cave paroissiale, il y avait un appareil à faire circuler l'air, pour abriter les populations en cas d'attaque. Il n'a jamais servi. Tant mieux, et vive l'Europe qui nous apprend la diversité, la douceur, l'accueil de l'autre !

Mais la paix ici n'est pas la même partout. Le terrorisme arrache à Boston un enfant à son père qu'il était venu embrasser. La menace est diffuse, le péché des hommes n'en apparaît que plus nettement.
Heureusement, Jésus ne donne pas la paix comme le monde la donne.

Je ne vous donne pas comme le monde donne. La paix que Jésus nous propose, c'est d'abord la paix avec Dieu. Ce n'est pas une négociation donnant-donnant. Pas un rapport de force, mais une réconciliation.
Notre mal-vivre est dû à notre péché, à cette façon de vivre indifférents à Dieu, c'est-à-dire ennemis de Dieu. Cette façon actuelle d' évacuer Dieu des conversations, de la culture, de la vie quotidienne, c'est le mal de l'Occident ! Cette distance est un mépris qui ne s'avoue pas.
Cette indifférence cordiale envers Dieu est la pire des injures envers lui. Vous savez, quelqu'un que vous ne voulez jamais rencontrer, c'est quelqu'un que vous méprisez.
Jésus est venu nous rencontrer. Par toute sa vie comme médiateur dans notre conflit d'avec Dieu. Jésus est venu pour la cessation des hostilités entre Dieu et nous.
"Et vous, qui étiez autrefois étrangers et ennemis par vos pensées et par vos mauvaises œuvres, il vous a maintenant réconciliés par sa mort dans le corps de sa chair, pour vous faire paraître devant lui saints, irrépréhensibles et sans reproche…" (Col.1.21-22)
Cette paix est possible avec Dieu. Une paix non pas comme le monde la donne. Une paix qui se reçoit. Dans la prière, dans la lecture de la Bible. Priée, connue, méditée, aimée, mise en pratique.
Jésus n'est pas venu mettre la paix mais l'épée, car la Bible est comme une épée qui permet de trancher entre vérité et erreur, entre franchise et mensonge, entre transparence et dissimulation.
L'image de l'épée est en grec la même image pour dire ce qui sépare : ce qui permet de discriminer positivement parlant, de séparer, de juger le bien du mal et faire le point. Bien sûr que cette exigence de justice, de droiture, de transparence, est un combat, une épée qui sépare le bien du mal et fait tomber les masques. Bien sûr que cette épée ne donne pas tout de suite la paix, car elle annonce une justice qui fait mal à ceux qui font le mal. C'est pourquoi Jésus disait : « Pourquoi m'appelez-vous Seigneur et ne faites-vous pas ce que je dis ? »
Et la lettre de jacques écrit : « Tu crois qu'il y a un seul Dieu, tu fais bien; les démons le croient aussi, et ils tremblent »
Bien sûr que la Parole du Christ met d'abord l'épée puis la paix. Car sa Parole suppose la lutte intérieure d'une acceptation. C'est ce qui s'est passé pour Marie : l'ange lui dit : « Une épée te brisera le coeur ». Il est des jours où la paix du Christ a pour prix la souffrance d'un combat intérieur victorieux. Car le sacrifice du Christ nous a valu la paix avec Dieu. Et Marie n'a pas eu le cœur brisé pour rien. Les grands témoins de la foi n'ont pas lutté en vain pour la justice.
C'est ce que dit la lettre de Paul aux Romains :
"Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ" (Rom.5.1)
Ceux qui ont trouvé le Christ ont trouvé la paix même dans les combats les plus fous. Ils se découvrent portés, délivrés du mal, pardonnés au besoin, relancés sûrement, guéris de la noirceur passée. A tous ceux qui recommencent avec le Christ, un nouveau départ est promis avec pour gage une paix dont le monde est incapable. Une paix basée sur l'amitié avec Dieu.
« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ». La paix de Jésus était fondée sur sa relation parfaite avec son Père. Jésus nous offre de la partager avec nous. Cette paix intérieure est le cœur du message de Jésus. Heureux les artisans de paix. Heureux ceux qui entendent le shalom de Jésus à ses disciples. Et qui redonnent cette paix. Ils font mentir les prophètes du néant. La plupart des salutations des apôtres dans les épîtres contient: "Que la grâce et la paix vous soient données…".
Cette paix que Jésus nous donne est aussi le grand remède contre le mal du siècle qu'est l'angoisse et la guerre intérieure. On peut tout confier à Dieu. Et trouver en Lui une paix spirituelle, paranormale, qu'aucun médicament ni aucune drogue ni aucune addiction ne peuvent offrir.
"Ne vous inquiétez de rien; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ." (Phil.4.6-7).
Ceux qui reçoivent cette paix la transmettent. Leur parole est subversive par sa force de frappe.
Cette paix est une menace pour les forces de l'ombre. Mais c'est la promesse d'un monde qui vient où il n'y aura ni larmes, ni cris ni deuil, ce monde prophétisé par Martin Luther king, que nous attendons, que nous demandons à Dieu, pour nous, pour les nôtres, et pour le monde.

Stockholm 3 Mai 2013.