"Je
vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas
comme le monde donne. Que votre cœur ne se trouble point, et ne
s'alarme point." (Jean.14.27)
Notre
monde n'est pas vraiment paisible.
Nous
vivons en Suède un vrai paradis par rapport aux souffrances de
milliards d'être humains.
Notre
privilège est de vivre dans un pays qui a connu la paix depuis les
années 1820.
En
tant que Français, la guerre m'a beaucoup marqué. Ma famille m'a
raconté cette épreuve qui l'a meurtrie. L'oncle qui n'est jamais
rentré de la résistance : il avait 20 ans. La tante dont le
mari est rentré brisé des camps de concentration. Nous ne mesurons
pas toujours la valeur du temps de paix.
Maix
cette paix est relative.
D'abord
parce que trop souvent la paix n'est pas l'absence de conflits mais
la recherche d'un apaisement dans le dialogue. Vers un équilibre
souvent fragile. On est souvent plus dans la négociation, dans le
rapport de forces, que dans un dialogue véritable.
Il
y a tant de traités de paix, et si peu d'accords véritables. Juste
un armistice, une convention entre bélligérants pour la suspension
des hostilités, sans mettre fin à la guerre.
C'est
ce qui se passe entre Corée du Nord et Corée du Sud. Une paix
apparente, mais une guerre sans fin. Même les traités de paix
fabriquent parfois la guerre, comme le Traité de Versailles qui
portait en germe un désir de vengeance par l'humiliation qu'il
imposait au vaincus. La paix de Dieu n'a rien à voir avec cela.
C'est une paix qui élève celui qu'elle atteint. Lui parle en face,
éveille en lui le rêve, réhabilité l'espoir ; et rend la
dignité.
Quand
Jésus dit : « Je vous donne la paix, je ne vous la donne
pas comme le monde la donne », il parle dans un empire Romain
marqué par la brutalité. Les Romains disent : « Si tu
veux la paix, prépare la guerre » Voilà la paix dont les
hommes sont capables. Préparer la guerre, ou négocier pour une
trève la plus durable possible.
Victor
Hugo a bien montré le fond de l'âme humaine dans son poème :
Depuis 6000 ans a guerre.
Depuis
six mille ans la guerre
Plait aux peuples querelleurs,
Et Dieu
perd son temps à faire
Les étoiles et les fleurs.
Les
conseils du ciel immense,
Du lys pur, du nid doré,
N'ôtent
aucune démence
Du coeur de l'homme effaré.
Les carnages,
les victoires,
Voilà notre grand amour ;
(…)
On
pourrait boire aux fontaines,
Prier dans l'ombre à genoux,
Aimer, songer sous les chênes ;
Tuer son frère est plus doux.
IL
faut beaucoup de foi pour ne pas croire au péché, après cette
prédication de Victor Hugo !
Nous
voici donc en Suède paisible. Dans notre cave paroissiale, il y
avait un appareil à faire circuler l'air, pour abriter les
populations en cas d'attaque. Il n'a jamais servi. Tant mieux, et
vive l'Europe qui nous apprend la diversité, la douceur, l'accueil
de l'autre !
Mais
la paix ici n'est pas la même partout. Le terrorisme arrache à
Boston un enfant à son père qu'il était venu embrasser. La menace
est diffuse, le péché des hommes n'en apparaît que plus nettement.
Heureusement,
Jésus ne donne pas la paix comme le monde la donne.
Je
ne vous donne pas comme le monde donne. La paix que Jésus nous
propose, c'est d'abord la paix avec Dieu. Ce n'est pas une
négociation donnant-donnant. Pas un rapport de force, mais une
réconciliation.
Notre
mal-vivre est dû à notre péché, à cette façon de vivre
indifférents à Dieu, c'est-à-dire ennemis de Dieu. Cette façon
actuelle d' évacuer Dieu des conversations, de la culture, de la vie
quotidienne, c'est le mal de l'Occident ! Cette distance est un
mépris qui ne s'avoue pas.
Cette
indifférence cordiale envers Dieu est la pire des injures envers
lui. Vous savez, quelqu'un que vous ne voulez jamais rencontrer,
c'est quelqu'un que vous méprisez.
Jésus
est venu nous rencontrer. Par toute sa vie comme médiateur dans
notre conflit d'avec Dieu. Jésus est venu pour la cessation des
hostilités entre Dieu et nous.
"Et
vous, qui étiez autrefois étrangers et ennemis par vos pensées et
par vos mauvaises œuvres, il vous a maintenant réconciliés par sa
mort dans le corps de sa chair, pour vous faire paraître devant lui
saints, irrépréhensibles et sans reproche…" (Col.1.21-22)
Cette
paix est possible avec Dieu. Une paix non pas comme le monde la
donne. Une paix qui se reçoit. Dans la prière, dans la lecture de
la Bible. Priée, connue, méditée, aimée, mise en pratique.
Jésus
n'est pas venu mettre la paix mais l'épée, car la Bible est comme
une épée qui permet de trancher entre vérité et erreur, entre
franchise et mensonge, entre transparence et dissimulation.
L'image
de l'épée est en grec la même image pour dire ce qui sépare :
ce qui permet de discriminer positivement parlant, de séparer, de
juger le bien du mal et faire le point. Bien sûr que cette
exigence de justice, de droiture, de transparence, est un combat, une
épée qui sépare le bien du mal et fait tomber les masques. Bien
sûr que cette épée ne donne pas tout de suite la paix, car elle
annonce une justice qui fait mal à ceux qui font le mal. C'est
pourquoi Jésus disait : « Pourquoi m'appelez-vous
Seigneur et ne faites-vous pas ce que je dis ? »
Et
la lettre de jacques écrit : « Tu crois qu'il y a un seul
Dieu, tu fais bien; les démons le croient aussi, et ils tremblent »
Bien
sûr que la Parole du Christ met d'abord l'épée puis la paix. Car
sa Parole suppose la lutte intérieure d'une acceptation. C'est ce
qui s'est passé pour Marie : l'ange lui dit : « Une
épée te brisera le coeur ». Il est des jours où la paix du
Christ a pour prix la souffrance d'un combat intérieur victorieux.
Car le sacrifice du Christ nous a valu la paix avec Dieu. Et Marie
n'a pas eu le cœur brisé pour rien. Les grands témoins de la foi
n'ont pas lutté en vain pour la justice.
C'est
ce que dit la lettre de Paul aux Romains :
"Étant
donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre
Seigneur Jésus-Christ" (Rom.5.1)
Ceux
qui ont trouvé le Christ ont trouvé la paix même dans les combats
les plus fous. Ils se découvrent portés, délivrés du mal,
pardonnés au besoin, relancés sûrement, guéris de la noirceur
passée. A tous ceux qui recommencent avec le Christ, un nouveau
départ est promis avec pour gage une paix dont le monde est
incapable. Une paix basée sur l'amitié avec Dieu.
« Je
vous laisse la paix, je vous donne ma paix ». La paix de Jésus
était fondée sur sa relation parfaite avec son Père. Jésus nous
offre de la partager avec nous. Cette paix intérieure est le cœur
du message de Jésus. Heureux les artisans de paix. Heureux ceux qui
entendent le shalom de Jésus à ses disciples. Et qui redonnent
cette paix. Ils font mentir les prophètes du néant. La plupart des
salutations des apôtres dans les épîtres contient: "Que la
grâce et la paix vous soient données…".
Cette
paix que Jésus nous donne est aussi le grand remède contre le mal
du siècle qu'est l'angoisse et la guerre intérieure. On peut tout
confier à Dieu. Et trouver en Lui une paix spirituelle, paranormale,
qu'aucun médicament ni aucune drogue ni aucune addiction ne peuvent
offrir.
"Ne
vous inquiétez de rien; mais en toute chose faites connaître vos
besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des
actions de grâces. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute
intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ."
(Phil.4.6-7).
Ceux
qui reçoivent cette paix la transmettent. Leur parole est subversive
par sa force de frappe.
Cette
paix est une menace pour les forces de l'ombre. Mais c'est la
promesse d'un monde qui vient où il n'y aura ni larmes, ni cris ni
deuil, ce monde prophétisé par Martin Luther king, que nous
attendons, que nous demandons à Dieu, pour nous, pour les nôtres,
et pour le monde.
Stockholm 3 Mai 2013.
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