dimanche 13 novembre 2011

prédication sur l'unité des chrétiens donnée à Tours. (Site de la Cathédrale de Tours).

Jean 17 8-11 (8-26). Car je leur ai donné les paroles que tu m'as données; et ils les ont reçues, et ils ont vraiment connu que je
suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m'as envoyé. C'est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m'as donnés, parce qu'ils
sont à toi; - ettoutcequiestàmoiestàtoi,etcequiestàtoiestàmoi;-etjesuisglorifiéeneux. Je ne suis plus dans le monde, et ils sont dans le monde, et je vais à toi. Père saint, garde en ton nom
ceux que tu m'as donnés, afin qu'ils soient un comme nous. Lorsque j'étais avec eux dans le monde, je les gardais en ton nom. J'ai gardé ceux que tu m'as donnés, et
aucun d'eux ne s'est perdu, sinon le fils de perdition, afin que l'Écriture fût accomplie. Et maintenant je vais à toi, et je dis ces choses dans le monde, afin qu'ils aient en eux ma joie parfaite. Je leur ai donné ta parole; et le monde les a haïs, parce qu'ils ne sont pas du monde, comme moi je ne
suis pas du monde. Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver du mal. Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Sanctifie-les par ta vérité: ta parole est la vérité. Comme tu m'as envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde. Et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu'eux aussi soient sanctifiés par la vérité. Ce n'est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu'eux aussi soient
un en nous, pour que le monde croie que tu m'as envoyé. Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, afin qu'ils soient un comme nous sommes un, - moi en eux, et toi en moi, -afin qu'ils soient parfaitement un, et que le monde connaisse que tu m'as
envoyé et que tu les as aimés comme tu m'as aimé. Père, je veux que là où je suis ceux que tu m'as donnés soient aussi avec moi, afin qu'ils voient ma gloire,
la gloire que tu m'as donnée, parce que tu m'as aimé avant la fondation du monde. Père juste, le monde ne t'a point connu; mais moi je t'ai connu, et ceux-ci ont connu que tu m'as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l'amour dont tu m'as aimé soit en
eux, et que je sois en eux".


PREDICATION:
Après les soldes, c'est la semaine de l'unité. Est-ce que ça ne va durer que 7 jours avant la 2° démarque ?
Après la semaine du blanc, il y a « la semaine de l'unité », où les chrétiens sont unis. Mais l'unité pourtant, c'est normalement toute l'année.
LA PRIERE DE JESUS
En fait, dans cet Evangile Jésus prie son Père pour nous; il ne parle pas tant d'unité que de sanctification; dans ce passage, il prie pour que la vérité s'établisse, que la parole de Dieu soit connue, qu'elle unifie chaque disciple. L'unité est d'abord intime et verticale avec Dieu. Jésus prie pour que ses disciples soient unifiés par Sa Parole, qu'ils fassent d'abord l'unité entre leur croyance, leurs projets, leurs pensées, leurs paroles, et leur action. Le contraire de l'unité, c'est l'éclatement de notre vie.
Jésus voudrait que chacun commence à vivre l'unité en lui-même.
Ceux qui vivent en harmonie avec eux-mêmes n'ont pas peur de la variété. Ils sont les gens les plus tolérants du monde, parce qu'ils sont forts de leur identité marquée.
CRUSTACE OU VERTEBRE ?
D'ailleurs, connaissez-vous la différence entre le crustacé et le vertébré?
Le crustacé donne à connaître la part la plus dure de lui-même. Plus il est dur à l'extérieur, plus il est mou à l'intérieur.
Le vertébré donne à connaître la part la plus sensible de lui-même. Mais il est fort de la résistance intérieure que lui donne son squelette.
La force intérieure du croyant, c'est la prière. C'est une force qui finit par mettre à genoux la puissance.
UNITE ET DIVERSITE ?
L'unification par la brutalité porte une charge totalitaire fortement anti-biblique. C'est Babel lorsque tous les humains doivent parler d'une même langue et ne montrer qu'une seule tête, sous la contrainte.
A l'inverse, Saint-Basile de Césarée écrit poétiquement: « C'est la même eau fraîche et féconde qui tombe sur le champ afin que fleurissent rouge le coquelicot, rose la rose et bleu le bleuet. »
Rechercher l'unité, c'est d'abord demander dans la prière comme Jésus à son Père, que chacun découvre son véritable appel personnel, sa vraie personnalité devant Dieu et dans le monde.
Cela suppose une dose de sensibilité, le sens de l'intuition, l'écoute de l'Esprit promis à chacun.
Dès que cet appel devient clair en nous, alors nous devenons capables d'aller rencontrer d'autres Eglises, et voir en elles l'oeuvre de Dieu. Alors l'unité peut-elle progresser.
Car chaque Eglise peut en équilibrer une autre. Lui éviter de tomber vers là où elle penche.
Le Catholicisme a beaucoup reçu des protestants, le Concile de Trente qui a suivi la Réforme a sans doute sauvé l'Eglise romaine.
A l'inverse, les protestants découvrent dans l'Eglise romaine le socle sur lequel s'assoit leur propre tradition. Ils ne peuvent se définir sans elle. Elle est de fait leur famille spirituelle. Ils apprennent d'elle le sens de l'Eglise. Nous sommes donc tous interdépendants, tous en unité, sans toujours le savoir, le rechercher ou le vouloir.
Loin d'être une homogénéisation, l'unité est un appel à découvrir chez l'autre les fruits de la prière de Jésus pour ses disciples. Chaque tradition a reçu une grâce. Quelle joie ! Partons à la recherche des fruits de la prière du Christ !
Que nos Eglises célèbrent la louange joyeuse, qu'elles donnent envie de croire, par leur humour, leur diversité, leur reconnaissance mutuelle, leur prière engagée dans le monde !
L'unité n' est que l'une des demandes de Jésus. Parmi beaucoup d'autres.
LE TESTAMENT DU CHRIST: IL NOUS DELIVRE DU MAL.
Notre Evangile est en réalité un testament: Jésus « va être glorifié », c'est à dire qu'il va mourir. Il va être séparé des siens, comme Jésus avait été séparé du Père. Il va donner sa vie pour nous, pour vaincre le Diviseur. Jésus va prendre du recul, un peu comme des parents qui laissent leurs enfants prendre le relai. Les disciples vont prendre la suite. Jésus prie pour eux, pour son Eglise.
Jésus promet son Esprit Saint, sa parole sera encore connue. La victoire sera définitive.
Le plus important n'est pas l'unité. Car c'est un fruit. L'important c'est l'arbre qui porte ce fruit, et c'est la promesse de Jésus, tout près de nous qui croyons en lui. Il nous garde d'oublier sa Parole.
Il ne veut pas nous enlever du monde mais nous préserver du Mal.
« Délivre-nous du Mal » disons-nous dans le Notre Père. Le danger pour la foi, ce n'est pas de vivre une vie laïque normale dans le monde. Non, le danger, c'est l'Adversaire, le Satan, le diviseur qui voudrait nous faire désespérer de la Parole de Dieu, et les uns des autres. Le danger serait de douter de la puissance de Dieu.
Or, nous sommes équipés. Jésus a remporté la victoire. Il suffit de puiser en lui notre témoignage. Il ne s'agit pas tant de rechercher l'unité entre nous par la force, par des rapprochements laborieux, ou pire encore pour répondre à des invectives d'unité, il s'agit surtout de nous rapprocher du Christ.
NOUS RAPPROCHER DU CHRIST
Que veut dire « nous rapprocher du Christ » ? C'est chercher l'unité du Christ comme chemin de sanctification c'est accueillir le Christ au centre de nos vies, qu'il soit désormais notre force intérieure pour tenir debout, notre inspiration pour parler et agir; pour que nous puissions aimer Dieu de tout notre coeur dans toutes les composantes de notre être. Prier en début de journée, lui confier le fardeau du jour, à Lui qui a dit: « Venez à moi vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. » Lui remettre toutes choses, accepter de ne se laisser conduire que par Lui, trouver la force en Lui pour faire face.
Seuls les poissons morts nagent dans le sens du courant. Mais les poissons vivants remontent vers la source. Et la source, pour nous c'est Jésus-Christ. Cette unité au Christ nous unifie en nous-mêmes, et nous permet ensuite d'accepter nos différences.
Aimer notre prochain comme soi-même, ce sera voir en l'autre le prochain ce sauvé possible, ce grâcié en devenir que nous avons été nous-mêmes un jour, cet être lui aussi appelé par le Christ, au bénéfice de son oeuvre de réhabilitation. Nous pouvons être dans la joie devant la diversité, plutôt qu' effondrés de nos divisions. Pour cela, nous devrons accepter de suivre Jésus dans l'abandon de notre vie. Il a donné sa vie en notre faveur. Qu'avons-nous à lui offrir en retour?
L'EGLISE N'EST PAS UN BUT MAIS UN MOYEN POUR TEMOIGNER
Dans l'Evangile de ce soir, l'Eglise n'est pas un but mais un moyen: témoigner au monde « pour que le monde croie ».
Jésus n'a pas voulu l'unité en soi. Il a dit: « qu'ils soient un EN NOUS, afin que le monde croie QUE TU M'AS ENVOYE. L'unité se reçoit du témoignage au Christ venu parmi les hommes.
L'unité de l' Eglise n'a donc rien à voir avec exercice fastidieux, ni un esprit de clan « oecuméniste », ou bien avec l'appartenance servile à un cercle d'obéissance muette.
L'unité est d'abord verticale: elle est reçue d'en haut par la prière. Cette unité est puisée dans la complicité entre le Père et le Fils. La vérité sort de cette présence recherchée au seuil de nos journées, dans le discernement demandé, dans la communion au Père et au Fils. L'unité nous est donnée en vue d'un service, l'annonce de la Parole dans le monde sans être du monde.
Jésus prie pour nous. Et nous allons lui demander la réponse. Que chacun découvre sa véritable vocation. En vue d'un témoignage.
Expérimentons la liberté de témoigner. C'est une chance d'être libres de le faire dans un pays démocratique qui nous en laisse la possibilité. A deux heures d'avion, dans la patrie de Saint-Augustin, des gens sont persécutés pour avoir découvert et rejoint le christianisme. Leurs familles sont inquiétées, parfois menacées, l' intimidation et la persécution sont fréquentes. Quelle chance d'être libres ici ! Le monde qui nous entoure a soif de la vérité. Nous pouvons prêcher cette parole dans le monde, qui ne doit pas nous faire peur.
Jésus cite 17 fois le mot « monde » dans ce passage de Jean 17.
Quand Jésus nous envoie vers le monde, il pense au monde au travers de nous. Nous n'avons pas tant à chercher l'unité qu'à nous rapprocher du Christ et à témoigner ensemble de Lui. L'unité viendra à son contact. Au contact du Christ et au contact du monde. Qu'il vienne unifier nos vies et tout le reste nous sera donné. Qu'il fasse de nous non pas des crustacés mais des vertébrés, forts intérieurement et sensibles à ce qui nous entoure ! Pour témoigner de l'unité promise en Jésus-Christ.
Jean-Christophe Robert Eglise St Paul du Sanitas 22 01 09.

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